đ·Coucou tout le monde, en cette JournĂ©e internationale des droits des femmes je voulais parler de 2 livres de la maison d’Ă©dition Sabine Wespieser dans lesquels la femme est magnifiquement reprĂ©sentĂ©e.

đ·Dans ce village haut perchĂ© des montagnes valaisannes, tout se sait, et personne ne dit rien. Jeanne, la narratrice, apprend tĂŽt Ă esquiver la brutalitĂ© perverse de son pĂšre. Si sa mĂšre et sa sĆur se rĂ©signent aux coups et Ă la dĂ©ferlante des mots orduriers, elle lui tient tĂȘte. Un jour, pour une rĂ©ponse pĂ©remptoire prononcĂ©e avec lâassurance de ses huit ans, il la tabasse. Convaincue que le mĂ©decin du village, appelĂ© Ă son chevet, va mettre fin au cauchemar, elle est sidĂ©rĂ©e par son silence. DĂšs lors, la haine de son pĂšre et le dĂ©goĂ»t face Ă tant de lĂąchetĂ© vont servir de viatique Ă Jeanne. Ă lâĂcole normale dâinstituteurs de Sion, elle vit cinq annĂ©es de rĂ©pit. Mais le suicide de sa sĆur agit comme une insoutenable rĂ©plique de la violence fondatrice. RĂ©fugiĂ©e Ă Lausanne, la jeune femme, que le moindre bruit fait toujours sursauter, trouve enfin une forme dâapaisement. Le plaisir de nager dans le lac LĂ©man est le seul quâelle sâaccorde. HabitĂ©e par sa rage dâoublier et de vivre, elle se laisse pourtant approcher par un cercle dâĂȘtres bienveillants que sa sauvagerie nâeffraie pas, sâessayant mĂȘme Ă une vie amoureuse.
đ·Dans Sa prĂ©fĂ©rĂ©e de Sarah Jollien Fardel, l’autrice nous plonge au cĆur de la violence, une violence parfois endormie qui grouille au creux du ventre, et qui jaillit sans explication, sans aucune rationalitĂ©. Son hĂ©roĂŻne se construit une identitĂ© sur des blessures indĂ©lĂ©biles. Elle essaie de laisser derriĂšre elle cette vie dont elle ne veut plus, tente d’oublier, de se tenir Ă©loigner et de se rĂ©inventer.. Vivre avec son amertume, ses regrets et ses rancĆurs… Vivre avec cette peur de ressembler au gĂ©niteur qui l’effraie et la rĂ©vulse. L’autrice dĂ©crit trĂšs bien l’ambivalence des sentiments et interroge la notion de pardon. Elle Ă©voque les mains tendues mais aussi les voisins qui savent mais prĂ©fĂšrent ne pas voir. En toile de fond, la rĂ©gion du Valais, de ses merveilleux paysages Ă sa gastronomie en passant par quelques traditions parfois un peu rustiques. Un roman marquant plein de justesse et d’Ă©motions qui ne peut pas laisser indiffĂ©rent.

đ·Une musique libre et joyeuse s’Ă©lĂšve des pages de ce premier roman : celle d’un choeur de femmes saluant la venue au monde de la petite Ăve, enfant nĂ©e d’un dĂ©sir d’amour inouĂŻ.
StĂ©phanie est cheffe de cuisine, elle voulait ĂȘtre mĂšre, mais pas d’une vie de couple. Elle est allĂ©e en Espagne bĂ©nĂ©ficier d’une procrĂ©ation mĂ©dicalement assistĂ©e, alors impossible en France. Greg, l’ami de toujours, a acceptĂ© de devenir le « pĂšre intime » d’Ăve. Dans Ă peine deux semaines, aura lieu la fĂȘte en blanc organisĂ©e pour cĂ©lĂ©brer la naissance de leur famille atypique, au grand dam de la matriarche aigrie et vĂ©nĂ©neuse qui trĂŽne au-dessus de ces femmes. Ă l’approche des rĂ©jouissances, chacune d’elles est conduite interroger son existence et la place que son corps y tient. Toutes, soeurs, niĂšces, amies de StĂ©phanie, tĂ©moignent de leur quotidien, Ă commencer par Ăve elle-mĂȘme, Ă qui l’autrice prĂȘte des pensĂ©es d’une facĂ©tieuse ironie face Ă l’attendrissement gĂ©nĂ©ral dont elle est l’objet. Comme dans la vie, combats fĂ©ministes, tourments intimes et prĂ©paratifs de la fĂȘte s’entremĂȘlent.
đ·Dans Pleine et douce de Camille Froidevaux-Metterie, donne la parole Ă 12 femmes. Chacune, Ă tour de rĂŽle, nous parle de son rapport au corps, un corps qui change, qui vieillit, qui porte les marques d’une vie. Elles nous parlent Ă©galement de leurs rapports Ă l’autre, Ă leur moitiĂ©, Ă leur famille. A travers leurs parcours, l’autrice aborde des sujets tels que l’anorexie, la maladie, l’adultĂšre, l’homosexualitĂ© ou encore la parentalitĂ©. Elle interroge le fĂ©minin et, avec lui, les contours de la famille moderne. L’Ă©criture est douce et sans fioritures ce qui rend la lecture trĂšs agrĂ©able. J’ai pris beaucoup de plaisir Ă suivre ces femmes dans leur intimitĂ©, c’est une lecture qui nous renvoie Ă nos propres interrogations, une lecture qui nous enveloppe et nous bouscule.
Les avez-vous lu ? Ils vous tentent ?
Belle journĂ©e âđ»đ·